Ch. Gerhardt fut chargé de cours, puis professeur titulaire de la chaire de chimie de notre Faculté des Sciences de 1841 à 1848; cette époque fut la plus féconde de sa production scientifique. C'est à Montpellier que Gerhardt rédigea et publia son Précis de Chimie organique, dans lequel il exposait ses nouvelles théories. Rejetant la théorie électro-chimique de Berzélius, abandonnant l'hypothèse de radicaux de Liebig, il donne la préférence aux formules brutes et adopte les types chimiques, pour arriver, dit-il, plus facilement à des lois générales indépendantes de toute théorie sur la prédisposition des molécules. En comparant entre eux les corps présentant quelque similitude de composition et de propriétés chimiques, il établit les séries homologues, qui lui indiquent le moyen de classer les substances organiques en familles naturelles. Cette classification basée sur des choses positives, sur des rapports numériques et sur des analogies de propriétés pourra, dit-il, convenir à toutes Les théories moléculaires ; en outre elle a l'avantage de signaler les lacunes à combler, et d'assigner d'avance une place à tous les corps qui sont encore à découvrir.
Ainsi que le prévoyait Gerhardt, sa classification s'est parfaitement adaptée à la théorie atomique et elle a permis en outre à la chimie organique de prendre l'immense développement qu'elle a atteint aujourd'hui.
Ch. Gerhardt fut membre de notre Académie, et appartint à la Section des Sciences. L'ancienne Société Royale des Sciences et Lettres qui avait existé de 1706 à 1795 se reconstitua en 1846. La première séance de la Section des Sciences eut lieu le 18 janvier 1847, la première communication y fut faite par Gerhardt qui exposa ses recherches sur les Métamorphoses des corps azotés. Dans la séance du 15 mars, il fit une importante communication «Sur les volumes atomiques de quelques oxydes isomorphes du système régulier » ; le travail a paru in-extenso dans le tome I de nos Mémoires (1847-1850). Enfin, le 7 juin de la même année, il exposait la première partie de ses recherches sur les sels, " Influence des masses, de la température et de l'eau dans la double décomposition des sels.»
A l'étroit dans notre cadre trop restreint par son génie, il quitta Montpellier en avril 1848 pour se rendre à Paris, afin d'y exposer ses idées et y faire prévaloir ses théories. Dans la séance du 29 juin 1849 le secrétaire général donne lecture de la lettre par laquelle Ch. Gerhardt donnait sa démission de membre titulaire de notre Société, « son séjour à Paris, disait-il, devant se prolonger indéfiniment ».
Notre Académie peut être fière d'avoir compté Ch. Gerhardt parmi ses membres ; et le travail paru dans nos Mémoires conservera le souvenir du séjour malheureusement trop court qu'il fit parmi nous.
Noël Massol, 1917
Voir l'hommage qui lui a été rendu à l'académie par Gustave Chancel en 1855:
https://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/CHANCEl-HOMMAGE-GERHARDT-1857.pdf
Voir sa page sur Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Gerhardt
Voir sur Persée le rôle qu'il a joué à Montpellier de 1841 à 1848 reporté par Colette Charlot, membre des Amis de l'Académie :
https://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_2007_num_94_354_6333
Voir sa notice de la Fédération des Sociétés d'Histoire et Archéologie d'Alsace :
https://www.alsace-histoire.org/netdba/gerhardt-charles-frederic/
A Montpellier, l'Institut de Chimie Moléculaire et des Matériaux est l'Institut Charles Gerhardt