On lui doit le dispositif connu sous le nom de bilentilles de Meslin.
Extrait du Bulletin de l’Académie, 1918 :
Il ne m'a pas été possible, pour des raisons de santé, d'assister à notre dernière séance en assemblée générale et, par suite, de me conformer à notre usage traditionnel en rendant à la mémoire de notre regretté collègue, M. le Professeur Meslin, décédé le 11 janvier dernier, l'hommage qu'elle mérite à tous les titres. J'ai le devoir de le faire aujourd’hui en m'excusant de ce retard involontaire. En accomplissant cette tâche douloureuse, je ne saurais oublier que M. le Professeur Meslin, avec une modestie qui était l'un des traits dominants de son caractère, a manifesté le désir qu'aucun discours fût prononcé sur sa tombe. Ce n'est donc point un discours que j'ai à faire, mais il m'a paru que je ne méconnaîtrais point sa volonté en vous rappelant en quelques mots la carrière de celui qui, jeune encore, puisqu'il avait cinquante-cinq ans à peine, a été enlevé à la science comme à notre estime et à l'affection des siens, alors qu'un long et brillant avenir lui semblait encore réservé.
Né à Poitiers en 1862, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, agrégé ,de l'Université, docteur ès sciences de la Faculté de Paris, M. Meslin fut nommé, en 1890, professeur de physique à la Faculté des Sciences. Il avait à un très haut degré, comme l'un de ses éminents prédécesseurs, M. Crova, auquel on l'a souvent comparé et dont les travaux ont si puissamment contribué au légitime renom de notre Faculté des Sciences, le don de l'enseignement, et par ses cours, toujours suivis par un nombreux auditoire, il a formé bien des générations d'étudiants, attirés autour de sa chaire par le mérite et la clarté lumineuse de leur distingué professeur.
C'est d'ailleurs aux études de lumière que M. Meslin s'était particulièrement consacré. Il a publié dans les comptes rendus de l'Académie des Sciences et dans le Journal de Physique de nombreux et intéressants travaux sur les gaz parfaits, les capacités électriques, les phénomènes d'interférence, les ondes lumineuses, les rayons Roentgen, dont l'emploi a rendu de si précieux services, au cours de cette longue et sanglante guerre, pour les opérations chirurgicales. Il était directeur de l'Institut de Physique de l'Université et vice-président de la Commission météorologique de l'Hérault, dont les travaux ont été et sont encore d'une grande utilité pour notre agriculture méridionale. On lui devait aussi une intéressante étude sur une machine à résoudre les équations. En 1900, il avait été chargé par les Universités de Toulouse et de Montpellier d'une mission scientifique pour aller observer l'éclipse totale de soleil du 30 mai 1900. Pour accomplir sa mission, il s'était installé à Elche, en Espagne, et à son retour avait présenté à l'Académie des Sciences plusieurs notes signalant les résultats qu'il avait obtenus par la photographie de la couronne solaire et l'étude spectrale des protubérances circumsolaires.
Je ne saurais oublier que notre regretté collègue, malgré ses occupations si absorbantes, trouvait le temps d'assister à presque toutes les séances, soit de la Section des Sciences de notre Académie, dont il faisait partie, soit même aux séances en assemblée générale. Il prenait une part des plus actives à nos modestes travaux et, à maintes reprises, il avait bien voulu nous faire des communications d'un haut intérêt. Vous me permettrez de vous en rappeler quelques-unes parmi les plus récentes :
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1910. — Note sur le dichroïsme magnétique des liqueurs mixtes (v., en 1917, une étude plus complète sur le même sujet).
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1914. — Sur les idées actuelles relatives à la constitution de la matière. — Conceptions nouvelles des physiciens sur la constitution de la matière et de l'énergie.
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1915. — Sur les courbes focales des prismes et des réseaux plans ou concaves.
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1916. — Observations sur les torpilles aériennes. — Equivalence des théories de Lane et de Bragg au sujet de la diffraction des rayons X par les réseaux cristallins.
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1917. — Sur le dichroïsme magnétique et le dichroïsme spontané des liqueurs mixtes, complétant sa précédente étude sur le même sujet.
Il y a lieu de joindre à cette liste les travaux publiés dans nos Mémoires, et notamment :
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Sur la détente adiabatique des vapeurs saturées (2me série, vol. IV, p.
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Sur de nouvelles franges d'interférences rigoureusement achromatiques (2me série, vol. I, p. 409).
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Sur la vitesse de la propagation des ondes à la surface des liquides; — en collaboration avec M. Choudier (2me série, vol. II, p. 409).
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Etude sur la détermination des petites épaisseurs et sur la sensibilité de l'oeil pour les différentes radiations du spectre (2me série, vol. II, p. 429).
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Rapport sur l'éclipse de soleil du 28 mai 1900 (2me série, vol. III, p. 165).
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M. Meslin n'a-t-il pas d'ailleurs prouvé par sa fin chrétienne, qui a dû être sans aucun doute pour lui et pour les siens la consolation suprême, qu'il n'avait jamais été dans sa pensée d'adhérer aux doctrines matérialistes et de nier la nécessité d'admettre l'intervention divine dans tous les actes ou phénomènes de la vie humaine, pas plus que de la méconnaître à l'heure de la mort ? Cette heure est arrivée prématurément pour lui ; l'excès de travail et la douleur inoubliable que lui avait causé la perte de la digne compagne de sa vie en ont certainement avancé la venue. A ses deux fils, officiers de notre armée, dont l'un, mon jeune et distingué confrère au Palais, a été blessé et décoré de la Croix de guerre sur le champ de bataille, et qui tous deux remplissent vaillamment leur devoir pour la défense de notre chère Patrie; à sa fille, si péniblement éprouvée à l'aurore de la vie, à tous les siens, nous pouvons donner l'assurance que notre Compagnie conservera pieusement le souvenir de ce collègue unanimement regretté, qui ne comptait parmi nous que des admirateurs ou des amis, et nous les prions, au nom de l'Académie, d'accepter l'expression sincèrement émue de notre profonde sympathie.
Président RACANIE-LAURENS
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Meslin