Né à Saintes en 1926, décédé à Montpellier le 17 septembre 2005.
Elève de l’Ecole Normale Supérieure, Jacques Proust fut reçu à l’agrégation de lettres en 1950. Après avoir enseigné au lycée français de Vienne (Autriche), puis au lycée d’Evreux et au collège Stanislas de Paris, il fut nommé assistant de littérature française à la Sorbonne et élu professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier où il resta jusqu’à son départ à la retraite en 1986. Souvent invité à l’étranger (Europe, Amérique du Nord, Extrême-Orient), il a laissé une œuvre considérable de plus de 280 ouvrages et articles.
Jacques Proust a été l’un des meilleurs spécialistes au monde du XVIIIe siècle dont il a renouvelé les études. Ce fut le maître incontesté des recherches consacrées à Diderot et à l’Encyclopédie à partir de la publication de sa thèse d’Etat.en 1962. Il y montre la place que l’Encyclopédie a tenue dans la vie et la pensée du philosophe : il remettait en forme les mémoires techniques que les encyclopédistes lui envoyaient, retouchait les planches, écrivait lui-même de nombreux articles sur les arts, la philosophie et la politique. Cette thèse le conduisit à devenir l’éditeur infatigable des œuvres complètes de Diderot et à lancer un programme régional de recherches sur les milieux scientifiques et littéraires du Languedoc au XVIIIe siècle.
A cette fin il fonda en 1968, à l’Université Paul Valéry, le Centre d’Etude du XVIIIe siècle calqué sur l’organisation d’un laboratoire. Le projet fut de recenser les fonds régionaux de manuscrits et de livres anciens de l’époque des Lumières, notamment à Valleraugue, Lunel et Montpellier, qui étaient inexploités et inconnus pour une large part des catalogues de la Bibliothèque Nationale. Lui-même publia un ouvrage fondateur, « L’encyclopédisme en Bas – Languedoc au XVIIIe siècle » où il étudie les groupes sociaux et intellectuels qui ont fourni à l’Encyclopédie un corps de collaborateurs très personnalisés. Dans ce monde la Société Royale des Sciences de Montpellier, fondée en 1706, ancêtre de l’actuelle Académie des Sciences, Lettres et Médecine, a tenu un rôle primordial dans la formation d’un esprit encyclopédiste et dans sa diffusion, en particulier grâce au chimiste Venel, au mathématicien de Ratte, au médecin Barthez et au pharmacien Montet.
A partir de 1977, Jacques Proust s’est consacré au Japon pour y étudier la réception des savoirs et des croyances du XVIIe et du XVIIIe siècle. Son ouvrage « L’Europe au prisme du Japon », publié en 1997, traduit en japonais et en anglais, a été la pierre fondamentale de la dernière partie de son œuvre qu’il consacra à l’image que les Européens, Portugais et Hollandais principalement, voulaient donner de l’Europe au Japon.
Jacques Proust a été, sa vie durant, un homme engagé, aux convictions politiques affirmées, et un protestant convaincu, membre actif de sa communauté.
Michel Gayraud