Michèle Ginestié-Vidal était née à Montpellier, le 5 juin 1940. Après des études de médecine, elle avait passé avec succès le concours d’externat des hôpitaux. Elle s’était spécialisée en Médecine de Rééducation et avait orienté sa carrière vers la réhabilitation du handicap neurologique de l’enfant, aidée dans cette initiative par les équipes montpelliéraines de pédiatrie des Professeurs Jean, Bonnet et Brunel. À ce titre, elle avait exercé dans les services de pédiatrie du CHU de Montpellier et à l’Institut marin Saint-Pierre de Palavas. C’était alors une démarche de pionnière et son grand souci avait été le dépistage précoce du handicap neurologique de l’enfant avant qu’il ne se fixe définitivement et qu’il devienne irrécupérable.
Elle avait été élue dans notre compagnie en 1982, au fauteuil XV de la section Médecine, en remplacement de Claude Romieu décédé. Elle n’était pas la première femme à y entrer, mais elle en était certainement la plus jeune. Elle avait, au moment de son élection, 42 ans. Elle avait été reçue solennellement, le 14 mai 1984, et avait alors fait l’éloge de son prédécesseur. Cet hommage avait été à la fois sensible et original, entrecroisant le verbe et le son, la parole et la musique. Célébrant le grand médecin mais aussi l’homme raffiné et cultivé qu’il était, elle avait, dans cette circonstance, donné la mesure de sa propre personnalité.
Ayant assez peu suivi les séances de notre Académie, accaparée par ses obligations professionnelles, elle en avait démissionné en 1995 pour en devenir membre honoraire. La mort de son père, le docteur Jean Ginestié, brillant chirurgien, propriétaire et fondateur de la clinique St. Jean de Montpellier, l’avait obligée à devenir chef d’entreprise en prenant la direction de la clinique. Sa générosité naturelle, son intelligence, son goût de la perfection l’avaient poussée à améliorer sans cesse ses connaissances dans le Droit, la Sociologie, la Médecine du troisième âge, pour mieux affronter ses nouvelles responsabilités. Exigeante pour ses collaborateurs comme elle l’était pour elle-même, aidée d’une équipe de qualité dont elle avait su s’entourer, son acharnement au travail avait amené cette clinique à un niveau remarquable d’excellence. Il ne faut pas s’étonner si, parmi d’autres spécialités, le secteur de la chirurgie infantile avait tout particulièrement été développé à son initiative.
C’était une femme raffinée et cultivée. Musique, Peinture, Poésie, rien ne lui était étranger. Sa culture esthétique était vaste. En peinture, ses goûts allaient des Primitifs italiens à l’Art Baroque ; en musique, elle admirait Mozart, Fauré, Brahms ; son attirance pour la musique de chambre l’avait même poussée à se remettre au piano…
C’était une femme généreuse, débordante d’humanité. C’est dans la discrétion qu’elle s’était investie dans des œuvres humanitaires, en particulier en Roumanie où, à la suite de son père, dans le cadre de l’association « les Amis de Cugir », elle venait en aide aux enfants soignés à l’hôpital de cette ville, et contribuait à équiper ce dernier en matériel médical et à soutenir dans leurs études des étudiants brillants mais aux prises avec des difficultés financières ; en remerciement, elle avait été faite « citoyenne d’honneur de Cugir ». C’était une femme de conviction, engagée, à la foi profonde. C’est en accord avec ses convictions, qu’elle s’était intéressée à l’information et à la communication en devenant trésorière bénévole et gestionnaire rigoureuse de Radio Maguelone, puis responsable de la programmation de cette radio locale appartenant au réseau des radios chrétiennes de France.
Confrontée aux aléas de la vie, c’était enfin une femme trouvant toujours dans l’adversité la force pour rebondir. Elle avait su faire face avec courage à une longue et douloureuse maladie, mais, terrassée après une lutte sans issue, elle est décédée le 5 avril 2009.
Claude Lamboley