Issu d’une famille savoyarde, dont la maison familiale se trouve à Bellegarde-en-Valserine, à la limite des départements de l’Ain et de la Savoie, Jean vit le jour le 7 octobre 1928. Il était le troisième d’une famille de quatre garçons. Pensionnaire dès son entrée en sixième au collège de Nantua, en 1939, il va vivre, au cours des années de la seconde guerre mondiale et son épouvantable cortège de tragédies et de malheurs, des périodes terribles et marquantes.
La guerre terminée, Jean Billiémaz entra en 1947 au lycée du Parc à Lyon, en classe préparatoire aux grandes écoles. Il présenta avec succès le concours d’accès à l’école d’agronomie de Montpellier. Il y fit de brillantes et allait aimer cette école d’agriculture créée en 1870 tout au long de sa vie. Jean Billiémaz compléta par la suite sa formation par deux diplômes : l’un de l’Institut de la Statistique de Paris et l’autre de l’Institut Français de Gestion.
Diplômé ingénieur agronome à l’âge de 25 ans, Jean Billiémaz fit son service militaire dans la marine, au sein de laquelle il accéda au grade de Capitaine de Corvette. Désormais libéré de ses obligations militaires, il obtint en 1955 son premier emploi chez Kuhlmann ; toute sa carrière professionnelle allait se dérouler dans ce groupe qui de Kuhlmann devint Ugine-Kuhlmann, puis Péchiney-Ugine-Kuhlmann en 1971. Efficace dans son travail, il fut nommé Président Directeur Général d’une filiale du groupe, les établissements Luche à Puiseaux, dans le Loiret. C’est en 1977 qu’il devint responsable de la SEDAGRI alors implantée à Montpellier. Cette société passa en octobre 1983 sous le contrôle de Rhône-Poulenc. Ce changement se traduisit par sa mise à la retraite anticipée, Il devint alors consultant pour de nombreuses sociétés et arrêta définitivement ces activités à l’âge de 65 ans.
Il épousa Bernadette en 1958. Trois enfants sont nés de cette union, Benoit, biologiste pharmacien, Hélène, médecin gériatre à Montpellier et Lisbeth, publiciste.
Formé à l’école bretonne des Glénans, écoles renommée pour avoir formé certains de nos plus célèbres navigateurs, Jean Billiemaz était un marin hors pair. Parmi les courses transocéaniques, la « transat anglaise » est une des plus renommées. Avec la passion et la fougue qui étaient les siennes, Jean Billiémaz s’engagea avec sa société Umupro Jardin, à sponsoriser en 1984 un des trimarans dont le skipper était Yvon Fauconnier qui remporta l’épreuve.
Le jazz était son autre passion et il adorait la musique classique. Sa grande curiosité et son extraordinaire boulimie de d’activités, avaient conduit Jean Billiémaz à s’intéresser par ailleurs à l’astronomie. Retraité, il passait aussi beaucoup de son temps à gérer avec compétence une grande propriété viticole que la famille possède dans le minervois. Toujours à la recherche de responsabilités, d’activités pour lesquelles il pouvait apporter son expérience, son expertise, Jean Billiémaz, retraité, s’était investi dans un grand nombre de structures associatives au sein desquelles il joua souvent les premiers rôles. Sa vie professionnelle intense, son engagement, sa personnalité lui avaient valu les distinctions d’officier de la Légion d’Honneur, d’officier du Mérite Agricole et de chevalier de l’ordre National du Mérite. Il était par ailleurs titulaire de la croix du combattant, de la médaille d’Afrique du Nord.
Elu à l’académie en 2003, il occupa le XVème fauteuil. Il fut président de la section sciences en 2006. Certains retiennent de Jean Billiémaz sa rigueur, son efficacité, son activité boulimique, d’autres retiennent de lui son humanité, sa sagesse, sa générosité. Tranchant, ne courbant jamais l’échine devant l’adversité, sa vie fut d’une extraordinaire densité, riche d’expériences nombreuses et variées. Tout à la fois ingénieur agronome, mélomane, industriel, marin et astronome, mais aussi époux, père et grand père attentif, Jean Billiémaz a vécu en homme libre. Il nous quitta, entouré des siens, le 7 décembre 2009.
Jean-Louis Cuq